Nous sommes formatés par une société qui nous pose sans arrêt des exigences immenses pour être dans « la norme » : brillantes études, super job, salaire mirobolant, hyper connecté même en vacances (la réponse du collègue à 2 heures du matin depuis l’autre bout du monde vous connaissez  ?). Par-dessus le marché, il faut être mince, manger vegan, acheter équitable, acheter une maison et consacrer du temps à son compagnon (ou mari) ses enfants et ses amis. Et le « soi » dans tout ça ? Où vous êtes-vous perdu dans ce tourbillon fou ?

De ce fait, faut-il s’étonner quand les gens tombent ? Lâchent, Craquent, Burnent, Explosent ? La coupe semble pleine et c’est sur constations que fleurissent le coaching, le développement personnel, les séminaires de retraite et autres formations. Je voudrais parler ici de l’une d’entre elles qui me tient tout particulièrement à cœur, c’est l’équicoaching. Ou, en d’autres termes, un travail à pied avec un cheval, sous le regard d’un coach. Bienveillant et non-jugeant, impossible de tricher face a cet animal qui a la capacité de sentir qui vous êtes, réellement, sans jugement. Ancré dans l’ici et maintenant (instinct de proie), il enracine dans l’instant présent les moments vécus. Un exercice pas simple pour les humains que nous sommes, toujours en retard ou en avance mais rarement dans l’instant T, le moment présent, ici et maintenant.

Ce n’est pas magique, ce n’est pas mieux ou moins bien qu’autre chose, mais sûrement complémentaire avec un avantage de vivre les choses dans l’instant présent et de réfléchir aux comportements détectés sur la vie de tous les jours. Un peu autoritaire dans la vie de tous les jours ? Essayez donc de faire bouger un cheval de 600 kilos qui n’en a pas envie et vous le fait savoir en restant obstinément planté dans le sol ? A défaut de ne pas faire boire un âne qui n’a pas soif, essayez donc de porter votre cheval de 600 kilos pour qu’il se déplace. Et d’ailleurs il est capable de déplacer ses pieds tout seul, le problème c’est que là, tout de suite il n’en a pas envie. Ou au contraire si vous n’avez pas confiance en vous et que vous n’osez pas trop le solliciter ? Le travail intéressant est de pouvoir après coup vous demander : mais au fait, pourquoi est-ce que ce cheval refuse d’avancer ? Ou au contraire pourquoi est-ce qu’il me tracte sur vingt mètres sans me calculer ? Est-ce que je pourrais mettre cela en exergue avec certaines attitudes dans mon quotidien ? Avec mes proches ? A mon travail ? Ai-je l’impression que cela fonctionne ? Ou au contraire ai-je l’impression de me battre sans cesse avec l’autre pour avancer, m’attendre, me faire comprendre ? Qu’est-ce que je pourrai faire différemment pour que cet échange soit facilité et que je puisse me faire comprendre de ce cheval face à qui je dois adopter une posture physique claire, puisqu’à priori il ne va pas comprendre les mots que je pourrais lui dire ?

Pas de jugement ni de performance « équestre » (puisque le but n’est ni de monter ni de réaliser un quelconque exercice) mais bien de s’ancrer dans le sol, de se verticaliser, de revenir à soi, là maintenant, et de sentir que c’est dans les tripes que ça vibre fort et que ça se passe. Retrouver tout à coup la sensation d’être planté dans le sol, là, ici et maintenant. Prendre conscience de l’importance de ce fameux langage non-verbal, bien souvent en contradiction avec les mots qui sortent de notre bouche. Pourquoi ? Parce que très souvent, on n’écoute plus ce que le cors pourrait nous dire, on se refuse même à le faire en se disant que ce n’est rien, qu’il ne faut pas trop s’écouter, et que cela passera. A mon avis l’un des grands intérêts du travail avec les chevaux est là : nous permettre de reconnecter avec ce corps, parfois notre meilleur ennemi, qui pourtant nous héberge pour toute la vie et que l’on malmène parfois beaucoup, et dont il est urgent de se mettre à l’écoute et de prendre soin.