« Elle est à toi cette chanson, toi l’Auvergnat qui sans façons… »
Superbe composition de Georges Brassens célébrant les héros ordinaires et les petits « riens » du quotidien qui pourtant magnifient la vie en l’illuminant de la clarté du don gratuit… Chanson résolument dédiée aux inconnus qu’on croise dans les temps difficiles et qui, d’un geste ou d’un sourire, transfigurent la souffrance. Ode à tous ceux qui osent agir, ou réagir, par compassion ou dans un sursaut d’humanité, à contre-courant souvent des individualismes pressés et de l’indifférence qui tue…
L’actualité mondiale regorge néanmoins d’horreurs en tous genres: folie dévastatrice des guerres, agressions, homicides… Un déferlement de violence et de haine s’abat chaque jour sur notre univers médiatique et les films qu’on nous propose s’en font les tristes échos. Ces « œuvres » cinématographiques exposent avec une relative complaisance les instincts humains les plus vils et choquent dans le « meilleur » des cas les publics moins avertis. Dans le pire des cas, les scénarios sont absorbés, assimilés avant d’être reproduits par les esprits fragiles ou malades. Il est assez déconcertant de remarquer les taux d’audience élevés pour certaines séries télévisées dans lesquelles prévaut la banalisation du mensonge, de la vengeance et du meurtre!
Il ne s’agit absolument pas de nier la vérité ni de refuser de faire face à la misère du monde; mais la pléthore de sordide, le trop-plein de noirceur peuvent mener à l’écœurement pur et simple, et parfois au désespoir. Le risque est grand pour nous de verser dans l’aigreur ou un certain cynisme, ou pire encore, de sombrer dans la dépression face à la laideur abjecte de tant de réalités obsédantes.
C’est alors qu’il est bon, sain et consolateur de contempler les héros, les vrais, ceux que nous côtoyons bien souvent sans vraiment les connaître. Un Arnaud Beltrame, homme d’honneur et de foi qui, au prix de sa vie, obtint la libération d’une femme prise en otage. L’histoire est riche de ces exemples admirables. Le père Maximilien Kolbe, prisonnier des Nazis à Auschwitz, s’offrit pour mourir à la place d’un père de famille sur le point d’être exécuté… Claire, épouse du général Audibert, fut déportée au camp de Ravensbrück. Là, elle échangea elle aussi sa place pour sauver une jeune fille juive condamnée à la chambre à gaz.
Et puis, il y a toutes ces incarnations du dévouement silencieux et du don de soi: les pompiers qui chaque jour interviennent pour sauver des vies, les militaires, les policiers, les soignants, et les autres…
La personne qui prend soin d’un voisin isolé ou malade. Les garde-côtes qui secourent navigateurs ou migrants en péril dans des embarcations de fortune… Les familles bienveillantes qui recueillent des orphelins ou des enfants arrachés à la maltraitance…
N’oublions pas ces anonymes ; ceux qui se sont interposés entre les agresseurs et l’agressé en pleine rue ou en train… Le passant qui s’est jeté à l’eau pour sauver un enfant tombé dans la rivière, ou qui s’est arrêté, inquiet de l’état d’un motard accidenté… Ceux qui ont réagi à la vue d’une personne victime de malaise. Ceux qui ont donné l’alerte… Le promeneur qui a écarté du passage l’objet susceptible de faire trébucher quelqu’un d’autre. L’individu qui a signalé une installation électrique défectueuse dans un lieu qu’il n’habite cependant pas… Les mécaniciens consciencieux qui savent que de leur minutie dépendra la sécurité du conducteur de la voiture qu’ils sont en train de réparer…
Rendons aussi hommage à tous ceux qui n’ont pas hurlé avec les loups, ceux que Brassens évoque également dans sa chanson. Ceux qui n’ont pas voté la mort du condamné… Ceux qui osent dire non, déterminés à désobéir à des ordres iniques ou à des lois criminelles…
Saluons également les acteurs de ce fait divers récent et bouleversant relaté dans le journal du 23 mars 2019: ces détenus de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone dans l’Hérault à l’origine d’une bien généreuse initiative. Ils ont entrepris de mettre en place une cagnotte en soutien à un surveillant frappé par le décès brutal de son épouse. Ces détenus, touchés par la douleur d’un gardien apprécié et père de quatre enfants, lui ont adressé une lettre pleine de délicatesse. Ensuite, ils se sont organisés pour prélever sur leurs économies de quoi épauler financièrement le père de famille éprouvé. Ce très beau geste de solidarité a évidemment beaucoup ému le gardien qui ne l’a cependant pas accepté.
Oui, l’être humain est capable aussi du meilleur! Et le dire, le proclamer, le publier, régénère, réconcilie et fortifie nos esprits avides « d’autre chose »! Ne pourrions-nous pas mettre davantage en exergue les actions nobles et les « exploits » du cœur? C’est une gageure car les héros sont bien souvent discrets… Mais leur exemple nous fait grandir et édifie les jeunes générations finalement assoiffées de beau !
Elle est à vous cette chanson, Mesdames, Messieurs qui sans façons, avez ouvert grand votre cœur quand d’autres étaient dans le malheur…
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